MON GRAND-PÈRE
(PORTRAIT)
Mon grand-père à la larme de goutte de pluie sur des terroirs desséchés entourant l’oasis
À la larme de concert de particules venues du déluge
Aux jeux de jais taillé sous la sueur de mille hommes jusqu’à aujourd’hui toujours inconnus
Mon grand-père aux yeux de frissons aux nuits sibériennes
Aux yeux de feu de bûcher pendant les nuits de sabbat à la pleine lune
Aux yeux de condamnés à mort attendant la main meurtrière du bourreau
Mon grand-père aux sourcils d’étoffe serrée cousue au point arrière
Au front de prairies lumineuses cantonnées par les chevreuils au petit matin
Au front de source à l’eau cristalline qui coule le long d’une pente en hiver
Mon grand-père au crâne de cuivre ciselé à coups de marteau
Aux tempes d’océans sillonnés par des navires fantomatiques
qui reviennent encore et encore au même endroit
Aux cheveux de radicelles infimes consolidant le sol de mes ancêtres
Mon grand-père à l’oreille de conque où résonnent des musiques d’outre mer
Á la barbe de dernières neiges du Kilimandjaro
Au nez de signe d’interrogation
Mon grand-père à la moustache de clous en acier
À la bouche d’argile cuite dans un four primitif
À la bouche de contes de Noël
Mon grand-père aux doigts de peuplier qui commence à pousser
Aux ongles de pétales d’azalée
Aux épaules d’arche en fer à cheval
Mon grand-père à la poitrine de plaine fouettée par le vent
À l’odeur du pain de seigle de mon enfance
À l’odeur des salles inhabitées depuis longtemps
Mon grand-père à l’esprit de livre lu une et mille fois
Teresa Cortés
19-10-2014
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