Les Médias,
un atout vers l’épanouissement ou l’anéantissement de l’homme ?
Dans un univers où la technologie –la technique-- se répand vertigineusement; où l’information est à la portée de tout le monde; où les avances scientifiques restent obsolètes d’un jour à l’autre, la communication, les relations humaines deviennent de plus en plus éloignées de sa fonction, à tel point qu’on peut savoir immédiatement ce qui se passe à l’autre bout de la planète, et pourtant méconnaître la réalité quotidienne de ceux qui nous entourent, ce qui constitue, à mon avis, un non-sens.
Il y a deux philosophies de la communication qui s’affrontent; l’une priorisant le caractère économique et technique de celle-ci, défend que l’interconnexion de tous avec tous résout d’elle-même les rapports entre les hommes et les sociétés; l’autre plaide pour dé-techniciser la communication, pour la ré-humaniser en s’enfonçant dans la question de l’homme.
Il en va de même pour les raisonnements de deux grands penseurs du XXe siècle, Michel Serres --philosophe et historien des sciences et membre de l'académie française dans une conférence sur les nouvelles technologies-- , et Eduardo Galeano --journaliste et écrivain uruguayen dans un article intitulé: Vers une société de l'incommunication, paru sur le Monde Diplomatique en 1996-- qui soutiennent une vision divergente à propos des médias et de nouvelles technologies, bien qu’il s’agisse, dans leur cas, des supports très différents comme le Web et la télévision.
En effet, si l’un trouve: "Qu’on est dans un espace de non droit où, on ne peut pas appliquer les mêmes normes parce qu’il s’agisse, vraiment, d’un autre espace ,qu’on est arrivé à l’externalisation du cognitif, que la tête de l’homme est désormais portée par un objet extérieur au corps --l’ordinateur-- et que lorsqu’on perd la mémoire on est condamné à devenir intelligent" --ce qui s’avère comme une position plutôt optimiste à l’égard de ces techniques--; l’autre montre une conception tout à fait pessimiste dans laquelle les médias stimulent le culte de la consommation, de la violence, de la délinquance, de l’inégalité: où on ne réprouve pas l’injustice, mais l’échec; où les médias sont porteurs d’une uniformisation obligatoire, hostile à la diversité culturelle de la planète, et dont la propriété est de plus en plus contrôlée par un petit nombre de puissants détenant le pouvoir et imposant leur dictature aux citoyens du monde entier.
Pourtant, je trouve un point commun dans ces analyses qui s’opposent apparemment: Le formatage.
D’après Serres, depuis l’invention de l’imprimerie les objets se font en série, on est en présence d’un monde de plus en plus répétitif, de plus en plus répliquant, de plus en plus livré à l’imitation, à la redondance; on est écrasé par cette redondance. Il y a donc une formation visant à l'uniformisation au lieu du développement de la personnalité.
Si l’éducation consiste à faire savoir à quelqu’un qu’il est unique au monde, qu’il est libre et qu’il doit être un individu porteur d’une singularité inimitable, alors, il y a là une très forte contradiction; d’une part, le sujet et l’objectivation; d’autre, la redondance et la particularité singulière qui doit être l’individu.
Quant à Galeano lui, il met aussi en évidence « cette dictature de la parole unique, de l’image unique qui impose partout le même mode de vie, et décerne le titre de citoyen exemplaire à celui qui est consommateur docile, spectateur passif, fabriqué en série » Les besoins fictives imposés par les détenteurs du pouvoir prennent sa place pour nous enchaîner de plus en plus, jusqu’à l’étouffement, à cette abstraction qui est la machine du système.
Teresa Cortés
No hay comentarios:
Publicar un comentario