Le chagement au processus de l'intelligence humaine

 

LE CHANGEMENT AU PROCESSUS DE L'INTELLIGENCE  HUMAINE: UNE CONSÉQUENCE DES MÉTHODES TECHNIQUES


L’article paru sur Libération le 28 avril 2009 : « La pensé éparpillée par la Toile », met au jour une analyse publiée par la revue The Atlantic en juillet 2008 : « Is Google making us stoopid ? » (Google nous rend-il idiots ?) ; une réflexion  sur l’incidence des technologies dans nos pensées, dont l’auteur,  Nicholas Carr, pour commencer sa dissertation se sert de  la scène à la fin du film de Stanley Kubrick, 2001, Une odyssée de l’espace --où l’ordinateur Hal est sur le point d’être déconnecté--pour l’enchaîner  avec le paragraphe suivant et nous montrer comment lui-même sent son cerveau bricolé par quelqu’un ou quelque chose, au point que la lecture, auparavant un plaisir naturel, est devenue une lutte.

 Nicholas Carr commence à développer son analyse en mettant en évidence la simplification des recherches qui entraîne le Net aujourd’hui, une source inépuisable d’information qui nous épargne des journées entières au milieu des livres dans des bibliothèques. Pourtant, les médias ne sont pas un canal passif d’information, en même temps qu’ils fournissent les bases de la réflexion, ils modèlent le processus de la pensée; plus les internautes utilisent le Web, plus ils doivent se battre pour rester concentrés sur de longues pages de lecture. Le Net a transformé nos habitudes intellectuelles et affecte nos capacités cognitives. On ne lit pas en ligne à la façon traditionnelle, on parvient à une espèce d’épuration consistant à choisir ce qu’une chose a de mieux. Donc, le procédé priorisant l’efficacité et l’immédiateté, au-dessus de tout, peut fragiliser notre capacité pour une lecture profonde; on risque de devenir de simples décodeurs d’information. Les différentes régions de nos cerveaux sont en train de changer, de sorte que les circuits formés par notre utilisation du Net seront autres que ceux formés par notre lecture des livres imprimés. La lecture façonne nos cerveaux.

 L’auteur lance un regard en arrière et passe à aborder le sujet de l’écriture; il  donne l’exemple de Nietzsche qui, en utilisant la machine à écrire, a développé un nouveau langage, rendant sa prose plus concise et télégraphique. Les outils d’écriture participent à l’épanouissement de nos pensées. Le cerveau est malléable presque à l’infini. Lorsqu’on utilise nos technologies -les outils- on emprunte leurs qualités.

 C’est aussi le cas de l’horloge; dès qu’on décide où il faut manger, travailler, dormir et  se lever, on  a arrêté d’écouter nos sens, on commence à observer les ordres de l’horloge. Quand l’horloge s’est installée au quotidien de nos vies, on a pensé que nos cerveaux réagissaient comme une horloge; aujourd’hui, on pense que ceux fonctionnent comme un ordinateur. Les effets qu’Internet dressera sur notre cognition semblent être d’autant plus puissants que ce dernier  inclut la plupart des autres technologies; en ce moment, on peut faire plusieurs choses à la fois, si bien que notre attention se disperse et reste diffuse; ce nouveau médium nous reprogramme.

 En même temps que Nietzsche utilisait la machine à écrire, Frederik W. Taylor établissait un système d’algorithmes décrivant comment les ouvriers devaient travailler, de telle façon que, ceux-ci, sont devenus  une sorte d’automates. Les fabricants du monde entier adoptent le système de Taylor cherchant la vitesse, l’efficacité et la rentabilité maximal au travail. On assiste à un remodelage de l’industrie et de la société; l’homme n’est plus la priorité, la priorité c’est le système. Désormais, l’évolution de l’algorithme est liée à l’évolution de l’informatique. Google, le grand moteur de recherche d’Internet, ainsi le confirme, il mène les séquences algorithmiques  au plus haute degré; ses créateurs, Sergey Brin et Larry  Page ont la prétention de transformer ce moteur en une intelligence artificielle, une machine à l’instar de Hal, qui serait implantée à nos cerveaux, mais ça fait peur, c’est même inquiétant, bien  que le fait de craindre les nouveaux outils ne soit pas nouveau non plus.

 Pour finir ce raisonnement sur les changements humains en rapport avec les nouvelles méthodes techniques, l’auteur revient à la lecture; au cas où le Web remplacerait l’imprimerie, il émettrait quelque chose tout à fait différente. Avec une lecture profonde, nous nourrissons nos propres analyses, nos propres idées, nos réflexions; La lecture profonde est donc indissociable de la pensée profonde. Carr cite l’essai du dramaturge Richard Foreman, où se remarque que la version unique, personnelle, bâtie avec tout l’héritage occidental que l’homme porte en soi-même, risque de se transformer en une auto évolution ­--voire involution­­-- sous la surcharge d’information et de l’instantanément disponible.

  L’analyste termine le texte en retournant au premier paragraphe, à la scène finale de 2001, Une odyssée de l’espace,  pour constater cette mécanisation  subie par  l’homme qui, en se servant de l’ordinateur comme intermédiaire de sa compréhension du monde, rend sa propre intelligence artificielle.

 

 23-XI-2011

Teresa Cortés


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