Le comte de Lautréamont

 

LE COMTE DE LAUTRÉAMONT

(1846-1870)

Biographie

 Portrait supposé d’I. Ducasse découvert  vers 1977

 

Sa brève vie, le dénouement de sa biographie, ainsi que son soi-disant culte romantique au mal ont contribué à créer  autour d’Isidore  Ducasse, dit le comte de Lautréamont, une légende aux teintes malfaisantes.

Auteur peu connu jusqu’à sa découverte d’abord par les symbolistes, puis par les dadaïstes et notamment par les surréalistes qui ont fait de lui leur source d’inspiration, il est mentionné à plusieurs reprises par André Breton dans son manifeste du surréalisme,  le qualifiant de ces mots : « Le passant sublime, le grand serrurier de la vie des temps modernes ».

Son œuvre représente un mélange de récit épique et de prose poétique, entre le réalisme  et le fantastique. 

Le 4 avril 1946 naquit Isidore Lucien Ducasse à Montevideo ; fils de François Ducasse, diplomate français engagé dans le Consulat  de France  à la capitale d’Uruguay et de Jacquette Célestine Davezac morte, un an plus tard environ,  dans des étranges circonstances -elle se serait suicidée-. Il pasa son enfance en Uruguay.

À 13 ans et demi, le jeune Ducasse entra en tant qu’interne au lycée Impérial de Tarbes en France, avec un certain retard scolaire. En 1863, il continua ses études au lycée Impérial de Pau où, deux ans après, il passa son baccalauréat en lettres.

À 21 ans, à la suite d’une période dont on ne conserve pas des renseignements -il pourrait avoir voyagé en Uruguay-, le poète  s’installa définitivement à Paris où il entama des études supérieures  dont la spécialisation resta méconnue.

L’année suivante en août,  le Chant premier de son grand poème en prose Les Chants de Maldoror apparut, anonymement,  à compte d’auteur.

En 1869,  sous le pseudonyme de Comte de Lautréamont, qui désormais sera son vrai nom littéraire, la version entière des Chants de Maldoror est imprimée en Belgique par Albert Lacroix et Verboeckhoven, mais faute de la référence de  l’éditeur, le volume ne sera pas répandu. 

Un an passé, Ducasse édita sous son vrai nom, deux fascicules intitulés Poésies, avec lesquels il eut  l’intention d’initier un chemin tout à fait différent et apparemment contradictoire avec son œuvre précédente.  Cette même année, une fois le conflit Franco-allemand fini, les prussiens se sont installés à Paris. Deux mois après, le 24 novembre, Ducasse/Lautréamont mourut au quartier de Montmartre à Paris.

           La première édition de 1869 non distribué jusqu’au moment –possiblement  à cause de la censure-, réapparut en 1874 à Bruxelles.

 En 1890, un jeune éditeur d’origine belge, Léon Genonceaux réimprima à Paris Les Chants, l’introduction est signée de ses initiales et dédiée à son ami Albert Lacroix, premier imprimeur du livre ; celui là rejeta la légende  de la folie du poète mise en circulation, des mois auparavant, par Léon Bloy qui lui avait consacré quelques paragraphes dans son roman Le Désespéré, puis dans un article paru dans La Plume : « Le Cabanon de Prométhée », en déclarant : « C’est le mythe du génie fou qui est alors colporté ».

  L’année suivante, Remy de Gourmont fit apparaître dans le Mercure de France sous le titre de : « La littérature Maldoror » les résultats de ses recherches, il y signala les principales variantes des Chants et annonça l’existence des Poésies.

  La même année où le traité de Versailles fut signé (1919), la première édition intègre des Poésies vit la lumière -39 ans après sa création- dans la revue française Littérature, dirigée par André Breton, dont la publication dans un livre se produira l’année suivante avec une préface de Philippe Soupault, un autre fondateur du surréalisme.

 

  L’œuvre

  Isidore Ducasse ne laissa donc qu’un livre unique Les Chants de Maldoror, deux fascicules intitulés Poésies, qui seraient  plutôt une préface à un livre futur et quelques lettres à son éditeur Verboeckhoven et au banquier Durasse.

   Dans Les Chants de Maldoror -écrit sous forme de six chants composés de strophes-, Lautréamont établit une nouvelle rhétorique en sautant l’ordre logique, qui supposa une radicale remise en question de toute vérité, qui pourrait n’être qu’une vérité partiale. Maldoror est une contestation à la société de son temps, une destruction systématique, une expression  intense du désespoir et de la frénésie romantique, l’intention de l’auteur étant de provoquer la stupéfaction du lecteur le poussant à s’interroger sur des problèmes essentiels : Dieu, l’homme, le bien ou le mal. Il chercha non pas que le liseur en tire une morale, mais surtout qu’il soit responsable de sa causalité.  Tout compte fait, Maldoror est une profanation de toutes les valeurs reconnues et de tous les stéréotypes littéraires.                                                                                                        

    L’ironie des Poésies est selon Maurice Blanchot « une garantie de lucidité ».

    L’opposition apparente des Chants et des Poésies n’est que le reflet de l’impossibilité qu’il existe de séparer le bien du mal, l’ordre du désordre, la raison de la déraison. Ducasse, lui-même parla des Poésies sous ces termes : « Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l’espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme, et l’orgueil par la modestie »

 

    Bibliographie :

   *Lautréamont, Oeuvre complète

    (Édition  bilingue)

    Traduction : Manuel Alvarez Ortega

     Préface : Maurice Saillet

     Éditions Akal, S.A. 1988 livre de poche

 

    *Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont

      Encyclopédie Larousse

 

     *Comte de Lautréamont

      Wikipédia

 

 

      Teresa Cortés

       6-1-2015

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